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La domestication



DEFINITIONS :

Si nous recherchons le sens du mot domestication, la majorité des sources nous mènent à une définition à peu près commune :

Encyclopedia : « La domestication (du latin domus, « maison ») est l'action que l'homme exerce sur des animaux ou des végétaux, ne serait-ce qu'en les élevant ou en les cultivant. En se les appropriant et en les utilisant pour son agrément ou la satisfaction de ses besoins, l'homme les transforme. »

Larousse : « Transformation d’une espèce sauvage en espèce soumise à une exploitation par l’homme, en vue de lui fournir des produits ou des services. »

Wikipedia : « La domestication d'une espèce, animale ou végétale, est l'acquisition, la perte ou le développement de caractères morphologiques, physiologiques ou comportementaux nouveaux et héréditaires, résultant d’une interaction prolongée, d'un contrôle voire d'une sélection délibérée de la part des communautés humaines. »

Avec des définitions telles, il est facile de conclure que la domestication consiste à transformer (grâce à l’action de l’homme) une espèce sauvage en une espèce soumise et dépendante afin de s’en servir.

En sachant que l’homme est la première espèce domesticable, comment expliquer ce malentendu ?

Peut-être est-ce l’envie de contrôle sur toute chose que l’homme a depuis des siècles ou bien l’envie de s’attribuer tout mérite qui a amené à une définition aussi simpliste que discutable.


LA DOMESTICABILITE :

Un animal peut être domestiqué par l’homme seulement s’il est domesticable :

Une espèce devient domesticable lorsque, pendant l’évolution, une modification génétique ou épigénétique se produit. L’apparition de ce caractère génétique « domesticable » est probablement dû à une épimutation génétique (une modification brutale des gènes qui assurent la stabilité des caractères héréditaires).

Cette évolution peut donc être accidentelle ou crée par l’homme. Actuellement, hormis des expériences éthologiques ciblées de laboratoire, toutes les espèces domestiques sont devenu domesticables sans l’action de l’homme.

Le terme « domestication » comprend donc des réalités biologiques précises, mais elles ne sont pas toutes indispensables pour la domestication ; par exemple celles qui correspondent à l’aspect physique et/ou comportemental peuvent rester neutre et n’avoir pas de conséquences sur la domestication.

Les modifications essentielles à la domestication sont celles qui permettent à l’espèce de garder des caractères juvéniles à l’âge adulte (néoténie) et donc une plasticité dans le comportement dû à la capacité d’apprentissage tout au long de la vie.

Du coté physique, les modifications plus importantes et visibles sont ce que les biologistes appellent « fœtalisation », cette à dire la tendance à garder des caractéristiques juvéniles à l’âge adulte. Les plus communs sont les poils ras, les différentes couleurs des robes, les oreilles tombantes, la diminution du tonus musculaire et une tendance à la prise de masse graisseuse.


APPRIVOISER ET DOMESTIQUER :

Le mot apprivoiser est souvent utilisé comme synonyme de domestiquer, pourtant ce sont deux choses distinctes. Nous avons vu que domestiquer signifie interagir avec un animal tout au long de sa vie et avoir un impact sur son apprentissage et ses liens sociaux.

Si nous prenons un animal sauvage jeune, nous allons pouvoir interagir avec lui, créer un lien social et éventuellement lui apprendre certaines actions non innées. Néanmoins, lors du passage à l’âge adulte (maturité sexuelle) ce même animal va changer de comportement. L’innée va prendre le dessus sur la socialisation et l’animal va perdre ses capacité d’apprentissage et d’habituations.

De plus, un animal apprivoisé ne transmettra aucun caractère acquis par la reproduction. Même si nous avons réussi à apprivoiser cet animal, sa descendance sera autant sauvage que ses ancêtres.

Un animal domesticable quant à lui, transmet génétiquement ses capacités d’adaptation et d’apprentissage. C’est cette transmission génétique de réalités biologiques précises qui définit la domestication d’une espèce.


RELATION INTER ESPECE :

Une des conséquences de la domestication, est que grâce à une plus grande plasticité mentale, les animaux domesticables sont en capacité de cohabiter avec d’autres espèces, d’interagir avec eux et de les accepter comme des congénères.

Le fait que le cheval ait pu intégrer l’homme comme son congénère a permis le début de la domestication.


ADAPTATION :

L’adaptation a aussi été un facteur fondamental pour le développement du lien entre l’homme et le cheval. En effet, le cheval est actuellement en capacité de vivre dans des conditions qui ne répondent pas à ses besoins primaires.

Nous pouvons contraindre un cheval à vivre en box, en isolement et manger deux fois par jour. Celui-ci va s’adapter à sa condition et survivre (avec des séquelles physiques et psychologiques, ne l’oublions pas !). Si nous contraignons un zèbre (qui est une espèce sauvage) aux mêmes conditions, il ne survivrait pas.

Cette capacité d’adaptation a permis au cheval de survivre à travers les siècles et à l’homme d’utiliser cette espèce selon ses besoins.


APPRENTISSAGE :

C’est grâce au caractère domesticable que l’homme a pu utiliser le cheval sous plusieurs aspects : pour le travail, le transport, la guerre et enfin le sport et le loisir. Mais comment nous y sommes parvenus ?

Nous avons pu « éduquer » l’animal cheval grâce au fait que celui-ci garde à l’âge adulte des caractères cognitif juvéniles.

Plusieurs paramètres de la néoténie rentrent en jeu dans l’éducation du cheval :

La domestication a amené une baisse de sélectivité des mécanismes innés de déclenchement. Ce phénomène est primordial car c’est cette propriété spécifique de la néoténie qui a permis à l’homme de dresser le cheval. Par exemple, chez un sujet sauvage, certains mouvements sont déclenchés dans une situation très précise seulement. Dans le cas d’un cheval domestiqué, nous avons pu remplacer ce déclencheur par un, voire plusieurs déclencheurs acquis. Prenons l’exemple d’un départ au galop : à l’état sauvage le galop correspond (entre autre ) à la fuite et est appelée par une situation de danger, le stimulus de survie. Alors que pour un cheval domestique nous avons remplacé ce stimulus par exemple par le contact de jambes lors du travail monté.

Finalement cela nous a permis de remplacer des stimuli innés par des stimuli acquis. C’est donc la base de tout travail d’apprentissage avec le cheval.

La désensibilisation est aussi essentielle dans la relation cheval homme. Prenons un exemple : le fait de monter sur le dos d’un cheval n’est pas une chose naturelle pour lui (le cheval n’est pas un animal qui porte sa descendance). Pour le cheval, avoir un poids sur le dos correspond plutôt à une attaque de prédateur.

Pour que le cheval n’associe pas le cavalier à un prédateur, l’homme va remplacer ce stimulus inné à travers l’apprentissage (plusieurs types sont possibles). Ceci est possible car le cheval garde une capacité d’apprentissage et une élasticité mentale. Il est donc possible de modifier les caractères innés par apprentissage.

Cet aspect est à la base de toute relation entre l’homme et le cheval.


LA SELECTION HUMAINE

Nous avons vu ici la domestication dans son sens large. L’homme au cours des siècles a sélectionné et élevé les chevaux pour en créer des races précises en fonction de besoins spécifiques.

Ceci implique une différence de code génétique selon les races de chevaux. Nous avons donc bien eu un impact sur l’évolution du cheval, avec des conséquences autant positives que négatives pour l’espèce.


ANIMAUX DOMESTICABLES ET NON DOMESTICABLES

Chez les équidés, nous retrouvons plusieurs espèces qui sont domesticables et d’autres qui ne le sont pas : l’âne et le cheval domestique sont les deux espèces qui ont mutées avec le caractère domesticable et qui ont donc pu être domestiqué par l’homme. Les zèbres, les chevaux de Przewalski (de nouvelles études sont en train de réévaluer le caractère domestique de ces espèces) ainsi que deux espèces d’ânes sauvages (Afrique et Tibet) sont restés sauvage lors de l’évolution et ont survécu sans liens avec l’homme.

A savoir que des espèces domesticables existent sans être domestiqué. Ceci est le cas de plusieurs oiseaux ainsi que de certains mammifères.

De même, plusieurs animaux sont exploités et utilisés par l’homme sans qu’ils ne soient domesticables. Les exemples le plus frappant sont les élevages de mustélidés pour leur fourrure.


CONCLUSION :

L’équitation va rechercher les stimulations qui vont artificiellement correspondent à des mouvements programmés héréditairement, dans un cadre où l’animal n’a aucune raison naturelle de les exécuter.

On pourrait dire que la néoténie a été un piège et un bénéfice pour le cheval. D’un côté elle lui a permis de survivre dans des zones géographiques où il aurait disparu, d’un autre côté (en lui permettant une plus grande liberté d’action), elle l’a amené à des modifications (parfois pathologiques) et à la dépendance à l’homme pour la survie de l’espèce.

La civilisation humaine a tiré profit du cheval depuis des siècles. Nous n’aurions sûrement pas eu la même évolution si le cheval n’avait pas été domestiqué.

Nous avons une dette envers cet animal. Nous nous devons de fournir au cheval des compensations de ce dont il a été privé. Want to add a caption to this image? Click the Settings icon.


REMARQUE :

Ce texte ne se veut pas un texte scientifique et figé, c’est plutôt une réflexion qui m’est venu suite à l’étude de plusieurs théories éthologiques sur la thématique.

Je voudrai aussi préciser, que comme toute science, l’éthologie est en perpétuelle évolution et les remise en cause sont permanent autant que les désaccords chez les éthologues. De ce fait vous n’allez peut-être pas entre en accord avec ce texte ou il sera remis en cause grâce à des nouvelles découvertes.

C’est là toute la beauté dans l’étude des animaux ; nous ne sommes jamais sûr de rien, nous apprenons et nous nous trompons constamment !

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